En présentant un caractère endémique, la politique RH des ETI et plus particulièrement des groupes patrimoniaux soulève depuis toujours les mêmes observations. Parce que bien souvent fondées sur un savoir-faire spécifique, parce quattachées à une histoire, ces entreprises peuvent parfois rencontrer des difficultés pour faire évoluer leur modèle de politique RH. Et pourtant, la régénérescence de ce dernier devient un enjeu majeur pour la croissance et le développement de ces entreprises si spécifiques.
Quand lheure du changement arrive, ce que lon craint le plus nest pas de quitter lavant ni de découvrir laprès. Ce que lon craint à dire vrai, cest le passage. Cette notion de passage prend tout son sens lorsque lon parle des ETI ou des groupes familiaux car avec le passage vient lidée de transmission, une notion fondamentale, pour ne pas dire vitale pour ce type dentreprises. Transmettre, oui mais comment ? Transmettre pour protéger, pour préserver, pour continuer. Ou transmettre pour se transformer ? Pas de croissance, pas de développement sans transformation, sans renouvellement des hommes et des générations. La verticalité des ETI ou des groupes familiaux peut rendre moins spontanée la prise dinitiative et lautonomie ; or ces deux qualités, on le sait, sont requises pour développer une culture managériale adaptée aux enjeux dinnovation et de croissance.
Allégeance vs compétences.
Dautres freins sont à lorigine de ces difficultés : stabilité de lactionnariat qui récompense en priorité la fidélité, un turn-over donc forcément faible, une endogamie rassurante mais qui peut devenir sclérosante. Lorsquelles décident de recruter, elles choisissent de le faire en interne et quand elles prennent la décision daccueillir de nouvelles compétences, elles ny sont tout simplement pas préparées !
Se préparer, ouvrir la porte et peut-être même les fenêtres!, se donner le temps et les moyens de construire une vraie politique RH personnalisée et audacieuse, devient une urgence lorsque lon constate quen France, la majorité de ces entreprises sont : soit rachetées par des grands groupes, soit cédées à des « héritiers » de filiation biologique et/ou professionnelle, avec un taux déchec atteignant près de 70% ! La diversité est donc lavenir des ETI et des groupes familiaux à condition quelle soit adoptée sans peur, adoptée vraiment, adoptée à 100%. Car cette diversité des profils et des âges doit innerver tous les étages et quelle peut très vite mourir de la défiance qui empêcha en France, pendant trop longtemps, les ETI de se rendre attractives aux talents et aux managers brillants.
Confiance et curiosité.
Ce phénomène, on le sait, est assez franco-français. En Europe, en Italie ou encore en Allemagne les « élites » ont toujours été bienveillantes à légard de ces modèles dentreprises. En France, on sintéresse à elles depuis peu. Mais il semblerait que le temps de la reconnaissance ayant enfin sonné, il puisse peut-être saccompagner dune forme nouvelle de confiance, la nourriture vitale de toute entreprise, cellule, individu qui veut innover. A la confiance, il suffit juste alors dajouter un peu de cette curiosité enfouie qui ne demande quà se réveiller. Pour faire dune belle ETI ou dun groupe familial inspiré, une véritable machine à régénérescence programmée !