Smart manufacturing, technologies digitales, solutions numériques, intelligence artificielle, impression 3D, réalité augmentée… Au fil des années, l’usine devient plus technologique, plus intelligente et plus connectée. Si l’industrie 4.0 est porteuse de promesses, notamment en matière de productivité, de compétitivité et d’emplois, elle soulève également des questions sur la place de l’humain dans un environnement où l’automatisation des tâches tend à se généraliser.
Une révolution technologique majeure
L’industrie est à l’aube d’une révolution majeure : la quatrième de son histoire. Le nombre croissant de robots installés dans le monde (2,4 millions en 2020 selon la Fédération Internationale de la Robotique) illustre cette tendance. Toutefois, à mesure que les projets robotiques et numériques se multiplient, l’Homme cherche sa place.
Dans ce vaste chantier de transformation, chacun a un rôle à jouer car la robotisation est certes un sujet technologique, mais également un défi organisationnel et humain. Pour réussir cette transition, la capacité des managers à créer les conditions d’acceptation de ces changements par leurs équipes est essentielle.
En effet, l’avènement des robots collaboratifs (ou « cobots ») redéfinit le rôle et la place des collaborateurs aux côtés de la machine. Plus autonomes, plus fiables et plus intelligents, les cobots offrent une productivité inégalable, exécutant des tâches simples ou complexes rapidement, précisément et sans limitation de temps, déchargeant les Hommes de tâches souvent pénibles, répétitives et à faible valeur ajoutée. L’automatisation de la production offre donc nombre d’opportunités aux salariés : gagner en compétences, développer leur polyvalence, accéder à des missions à plus forte valeur ajoutée…
Peurs et résistances
Pourtant, en dépit de ces avancées, l’arrivée de ces robots est souvent perçue comme une menace pour l’emploi, et génère des craintes en termes de surveillance, d’asservissement et de déshumanisation. Ainsi, la peur d’être contraint par un rythme imposé par le robot, d’être prisonnier de tâches certes plus ergonomiques et plus sécures mais aussi plus standardisées, ou encore d’être soumis à des choix opérés par les machines elles-mêmes, est plus répandue qu’on ne l’imagine.
Bien qu’elle garantisse des niveaux élevés de productivité, de qualité et de compétitivité, l’usine 4.0 risque également d’éloigner les opérateurs du produit qu’ils fabriquent, de déconnecter du terrain des managers qui ne prennent plus de décisions qu’à partir de data ou de tableaux de bord, et de supprimer parfois certains niveaux hiérarchiques.
Conduire et accompagner le changement
Prendre en compte et intégrer ces facteurs humains (méfiance, inquiétudes, résistances…) afin que les collaborateurs acceptent et s’approprient ces nouveaux outils est donc capital.
Dans ce contexte, la conduite du changement passe essentiellement par l’écoute, le dialogue, la pédagogie et la communication.
En effet, selon l’approche ou la méthodologie adoptée, le développement de la robotique peut susciter soit une moindre implication, voire une perte de sens chez les collaborateurs, soit, au contraire, provoquer un regain d’intérêt et même un réel enthousiasme pour les métiers techniques et industriels.
Les transformations liées à cette quatrième révolution industrielle posent donc de nombreux défis aux entreprises et aux managers. Parmi ceux-ci, l’accompagnement de cette transition est crucial : écouter et informer les collaborateurs afin de désamorcer les peurs, former les équipes afin de favoriser l’acceptabilité de ces évolutions et les aider à s’approprier ces nouveaux outils numériques et robotiques, et conduire le changement sur un mode le plus participatif possible, en veillant à ne pas provoquer de baisse d’implication ni de perte de sens.
S’entourer de nouvelles compétences
Simultanément, le développement d’une filière industrielle « robots » incluant les fabricants de machines, les fournisseurs de produits (logiciels, outils, accessoires) et les prestataires de services (intégration, formation, maintenance…) fait émerger de nouveaux métiers et crée de nombreux emplois qualifiés : datascientists, ingénieurs et techniciens spécialisés en conception, développement, programmation, virtualisation, simulation, traitement de données, maintenance prédictive, cybersécurité…
Ces profils sont très recherchés, aussi le dernier challenge – et non le moindre – qui attend les entreprises industrielles consiste non seulement à attirer ces experts techniques, mais aussi à identifier et recruter les managers capables de conduire et d’accompagner avec succès ces changements profonds.
Quatre pistes pour se préparer à « l’industrie du futur » :
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Alexis Brodsky, Directeur associé d’Arrowman Executive Search, en charge de la Practice Industrie & Services.