Les entreprises de taille intermédiaire n’ont jamais eu autant d’enjeux à adresser simultanément. La crise sanitaire du Covid-19 se conjugue avec des enjeux structurels de transformation. Une situation délicate qui va nécessiter des ajustements en matière de gouvernance mais aussi de recrutement. Prêtes à changer de braquet ?
La crise sanitaire du Covid-19 n’a pas épargné les entreprises de taille intermédiaire. Encore moins celles évoluant dans les secteurs industriels, souvent largement tournées vers l’international. Habituées aux croissances fortes, ces dernières ont subi le choc de la récession mondialisée. D’après l’étude annuelle ETI de Bpifrance réalisée en juillet 2020 (après le déconfinement), 51 % des 4794 ETI recensés par l’INSEE ont souscrit un prêt garanti par l’État et 45 % n’ont eu d’autre choix que de renégocier leurs échéances bancaires. Résultat : 39 % des ETI industrielles n’envisagent pas de retour rapide à une activité normale. Un coup dur pour ces entreprises, qui ont pourtant un potentiel de développement énorme. D’autant que ces dernières doivent, dans le même temps, affronter d’autres enjeux structurels liés à la transformation digitale, à l’environnement et à l’organisation du travail. La gestion souvent prudentielle dont font preuve les dirigeants des ETI leur permettra-t-elle d’embrasser l’ensemble de ces nouveaux challenges ? Rien n’est moins sûr.
La nécessité de renouveler davantage le management
En plus des dispositifs mis en place par les pouvoirs publics, les ETI ont la chance de pouvoir capitaliser sur leurs atouts pour renouer avec la croissance. Et ils sont nombreux. L’une de leur force, c’est d’être structurées autour d’un actionnariat stable qui leur permet de se projeter à long terme. Puisqu’elles privilégient l’autofinancement, les ETI sont peu endettées, donc financièrement saines. Leur capacité d’innovation est également un atout face aux situations de crise. Caractérisées par des circuits de décision rapides, les ETI se montrent agiles et résilientes face à l’adversité. À l’inverse, ces entreprises montrent quelques faiblesses qui pourraient s’avérer handicapantes lorsque la relance économique se profilera. Le faible renouvellement managérial en est une. À vouloir trop privilégier la mobilité interne, certaines ETI (dont la moitié sont familiales) se privent de compétences clés en matière de finance, de ressources humaines, de digital… Un modèle « en vase clos » qui pourrait atteindre ses limites en période de crise. Les ETI sont également fragilisées par leurs enjeux de transmission. En France, moins de 20 % des ETI réalisent avec succès cette étape, contre 60 % en Allemagne et 80 % en Italie, selon Bpifrance. Un obstacle de plus qui les empêche de saisir les opportunités de marché nées de la crise.
L’ouverture du capital, un nouvel élan ?
« Pour vivre heureux, vivons cachés », est un adage qui sied bien au ETI françaises. À tort ? Habituées à grandir loin des projecteurs, notamment ceux des marchés financiers, les ETI auraient pourtant tout intérêt à se rendre plus visibles des investisseurs. Aujourd’hui, leur niveau de capitalisation peut constituer un obstacle et leur surface financière souvent plus limitée les empêcher d’adresser tous les enjeux de transformation qui les impactent. Contrairement aux idées reçues, l’ouverture du capital ne signe pas l’arrêt de mort du modèle familial d’une entreprise ou, pire, de leur ADN. Vécue comme une perte de contrôle, cette ouverture peut, au contraire, être un bon moyen de pérenniser leur activité. Ces nouvelles sources de financement permettent de poursuivre le développement organique de l’entreprise mais également d’envisager des opérations de croissance externe pour consolider leurs positions et/ou adresser de nouveaux marchés. L’intéressement des managers aux résultats de l’entreprise est également un moyen de booster leur engagement sur le long terme et peut même faciliter la future transmission.
Rebondir face à la crise, nos pistes !
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Philippe Millot, Directeur associé d’Arrowman Executive Search, en charge de la practice Finance & Fonctions corporate.